Je m’appelle Julie, et aujourd’hui, je vous raconte ici ce que j’ai vécu, parce que peut-être qu’au travers de mon histoire, vous reconnaîtrez un peu de la vôtre. Et j’ai vraiment envie que comme moi, ce ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

Pendant longtemps, je me suis sentie étrangère à moi-même. Mon corps n’était plus qu’un poids, un rappel constant de ce qu’on m’avait pris. Chaque miroir était une confrontation brutale : je n’y voyais que la douleur, la honte, et tout ce que je voulais fuir.

J’ai alors fait ce que beaucoup font : j’ai caché ce corps sous des vêtements amples, comme si en le dissimulant, je pouvais aussi effacer ce qu’il portait. Mais rien ne disparaissait. Je vivais dans une sorte de brouillard, coupée de tout, surtout de moi-même. Je ne savais même plus qui j’étais. Et puis un jour, une amie m’a parlé de la Photo Thérapie. J’ai ri nerveusement.

Faire des photos ? Sérieusement ? Comment une image pourrait-elle m’aider à me sentir mieux ? Mais, au fond de moi, il y avait cette petite voix – celle qu’on étouffe souvent – qui murmurait : « Essaie… tu n’as rien à perdre ». Je me suis lancée, j’ai pris rendez-vous.

La première rencontre avec moi-même

La première séance a été une épreuve, il ne faut pas se mentir. Le photographe a commencé doucement : juste mon visage. Rien d’autre. Quand il m’a montré les clichés, j’ai eu du mal à respirer, à me voir. Je ne reconnaissais pas cette femme sur les photos – « Était-ce moi ? Vraiment ? ».

Elle semblait douce… forte même. Moi ? Forte ? Cette idée me paraissait absurde, mais quelque chose en moi voulait y croire. C’était bien moi sur ces images – une version de moi que je n’avais pas vue depuis longtemps, peut-être jamais.

Pas à pas vers l’acceptation

Les séances suivantes m’ont poussée un peu plus loin. On a élargi le cadre : mes épaules, mes bras, mon dos… Chaque partie de mon corps que je redécouvrais était comme une réconciliation timide avec moi-même. Ce n’était pas facile – loin de là – mais petit à petit, ce corps que je rejetais devenait autre chose : il redevenait moi. Ce n’était plus seulement un vestige du traumatisme ; c’était l’histoire d’une survie.

Affronter la peur pour se libérer

Puis est venu le jour où le photographe m’a demandé si je voulais explorer une nudité partielle, découvrir, redécouvrir mon corps caché.

Mon premier réflexe a été la peur – cette peur viscérale qui vous serre la gorge et vous fige sur place. Mais en y réfléchissant, j’ai compris que cette peur ne venait pas de moi : elle venait de ce qu’on m’avait fait subir. Alors, j’ai décidé d’essayer, j’ai dépassé mes limites, j’ai élargi ma zone de confort.

Cette séance a été un tournant pour moi ; car pour la première fois depuis des années, j’ai vu mon corps autrement : non pas comme une source de honte ou de douleur, mais comme un témoin de ma résilience. Chaque cicatrice visible ou invisible racontait une histoire – non pas celle d’une victime, mais celle d’une femme qui se relevait.

Une renaissance

Aujourd’hui encore, ces photos sont précieuses pour moi. Elles ne sont pas destinées à être montrées à tout le monde ; elles sont pour moi avant tout. Quand je les regarde, elles me rappellent où j’étais et où je suis maintenant. Elles me rappellent que mon corps ne définit pas ma douleur : il est le reflet de ma force.

Si vous lisez ces mots et que vous ressentez cette même déconnexion avec votre corps ou votre histoire… sachez qu’il est possible de reconstruire ce lien brisé. Ce chemin est difficile – il l’a été pour moi – mais il est aussi incroyablement libérateur.

Aujourd’hui, ce corps est le mien. Et oui… j’en suis fière. Peut-être qu’un jour, vous pourrez dire cela aussi. Je continue même à faire des photos, et à explorer d’autres horizons avec mon photographe. Quel bonheur à chaque séance.